Démarche artistique
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Emmanuelle Mason – Artiste plasticienne
Née à Paris en 1976, vit et travaille à Toulouse
ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES
Après avoir suivi un cursus en communication visuelle et édition à l’école Estienne, j’intègre les ateliers de Barbara Leisgen et de Christian Boltanski aux Beaux-arts de Paris, et j’obtiens mon diplôme en 2003. Parallèlement, je valide une licence d’arts plastiques à l’université Saint-Charles puis une D.E.A. d’esthétique à l’université Paris 8. En 2006, je suis majore à l’agrégation d’arts plastiques et seconde au Capes, ce qui me permet d’obtenir un poste d’enseignante agrégée à l’université Jean Jaurès. En 2012, je créé l’atelier d’estampe et édition du département Arts plastiques, où j’effectue la majorité de mon service depuis.
Mon travail fait l’objet de nombreuses expositions monographiques ou collectives en France et à l’étranger, et mon travail a intégré plusieurs collections privées.
Mon exposition personnelle la plus récente, intitulée Ligne(s) de vie, a d’abord été montrée à la Galerie de l’Imagerie à Toulouse puis à l’Artothèque de Gondrin en 2019. Elle montrait 10 années de travail. Avant cela, je présentai l’exposition « Anima » successivement au Musée Abbal et à la galerie des Musicophages à Toulouse. Parallèlement, je participe à beaucoup d’expositions collectives en France et à l’étranger, mon parcours m’ayant menée notamment à exposer à la CAFA de Pékin, au Musée d’Art Moderne de Busan en Corée, au Palais des Papes lors de la grande exposition La Beauté in Fabula, (sous le commissariat de Jean de Loisy), à la Galerie Univer à Paris lors de l’exposition Peinture Silencieuse (sous le commissariat de Itzhak Goldberg), à Artcité où je gagne le prix de la critique (délivré par Christian Noorbergen), à Art up Lille avec la Galerie Univer ou encore au centre d’Art Lieu commun lors de l’exposition Beyond Concret Jungle (sous le commissariat de Camille Prunet).
DÉMARCHE ARTISTIQUE
Mon travail, d’abord tourné vers le multimédia et l’installation, s’oriente maintenant vers le dessin et les arts graphiques tels que la gravure, la lithographie et la sérigraphie, techniques que je revisite à l’aune des questionnements contemporains et des pratiques d’installation. Mes recherches – sur l’anthropocène, l’animal, l’érotisme, la guerre, le corps, la mort, le désastre – ont pour point commun de montrer une extrême délicatesse, une « belle manière » que je déconstruis et qui piège le regard, alors que les sujets traités sont parfois irregardables ou même immondes, dans tous les cas engagés. Je dessine Après la fin du monde.
La série des natures mortes, par exemple, fonctionne par l’entrelacs visuel d’un travail d’estampe numérique et de dessin à l’encre, ou de gravure à la pointe sèche. Avec mes outils, j’ouvre les corps de ces animaux, j’en inspecte la viande, pour en extraire la matière graphique, le paysage de chair. En dessinant, je rends sa peau, sa chair et son os à l’animal, je cherche l’Anima de la pointe de mon stylo devenu scalpel. C’est une orfèvrerie graphique faite au cadavre.
Un stratagème similaire est utilisé pour Syria, sous la forme d’un ensemble de 6 sérigraphies modulaires. Ce travail est issu de dessins que j’ai réalisés à partir des descriptions et des photographies que m’ont montrées des réfugiés Syriens auprès desquels j’étais engagée de 2014 à 2015. La série s’inscrit dans une filiation avec la peinture romantique, approchant peut-être, comme la série des Natures mortes, la question d’un sublime contemporain. C’est en regardant les peintures de Friedrich, de Turner ou de Géricault, mais aussi habitée par mon engagement humanitaire, que j’ai initié ce travail. À travers la figure de la ruine, j’ai pu poser sur le papier les témoignages des réfugiés. Dans ces compositions, le blanc du papier devient mon silence face à leurs récits, le terrain où erre le regard en quête de sens.
Ce travail de dentellerie graphique devient matériel avec la série Les Dentelles, puis, mon geste de dessin ou de gravure, mais surtout mon engagement, m’amènent à faire de plus en plus violence aux matériaux. Je m’approprie le dessin et la gravure hors format, hors support, hors médium : dessiner avec du crin de cheval, avec du fil crocheté, dessiner avec un pyrographe ou avec le soleil et une loupe, avec de la broderie, avec un scalpel, une localisation gps…
C’est le numérique qui me permet de m’affranchir totalement du support pour la réalisation de deux œuvres pour le Festival Novela à Toulouse. Grace à ma collaboration avec des ingénieurs, je réalise en 2011 un dessin de 18M3, accessible via des lunettes de réalité augmentée. L’année suivante, je propose au public de participer à un dessin collaboratif en temps réel, constitué par les déplacements des participants dans la ville communiqués par la localisation GPS de leurs smartphones. Ainsi, pendant 5 jours, un immense dessin collectif, permanent, et potentiellement infini se dessine sur un écran exposé à la gare Matabiau.
Forte de cette émancipation, je cherche alors de plus en plus à faire naître le sens par la mise à mal des processus et des outils, à associer mon travail de virtuosité graphique à la destruction physique du support ou du geste.
Pour la série Cut, je dessine avec un scalpel, le geste graphique passe sous le plan du papier, alors que pour la série Burn je brule celui-ci avec un pyrographe.
Ces expériences m’amènent à radicaliser mon parti pris avec la série « eco-trash » Les Brûlages, où je dessine en brûlant mon support – le tissu de coton ou de soie – cette fois à l’aide d’une loupe et du soleil en plus du pyrographe. Les dessins évoquent des désastres actuels (des incendies ou des événements sociaux liés aux crises climatiques et humaines). Ils se veulent précis, documentaire, mais la technique crée des accidents qui font que la représentation m’échappe, que je perds le contrôle du corps de l’œuvre. Je viens ensuite longuement, inutilement, raccommoder le dessin en le brodant au fil de soie. Il y aurait, pour moi, un parallèle à faire entre cette activité vaine à laquelle je me livre et le flux continu de nos activités d’Hommes occupés alors que le monde brûle.
Cette série trouve ensuite une forme performative lors de l’été 2021 : chaque jour où la température se situait au-delà des normales saisonnières, je m’assoie au soleil, dessinant en brûlant le papier à l’aide d’une loupe, autant de temps que mon corps le permet, confrontant la résistance de la matière papier à mes propres limites physiques. Cette démarche me permet d’éprouver avec mon corps la planète qui bout et d’en enregistrer la trace.
On retrouve cet engagement physique pour ma pièce Topoïétique d’un centre d’art. Ce sont cette fois les techniques de la gravure qui sont déplacées de leurs fins, utilisées à même le mur. Munie de lunettes d’horloger et de burins de gravure, je suis partie en quête des traces, même infimes, que les expositions successives avaient pu laisser de leurs passages au sein du mur feuilleté par des dizaines de couches de peinture superposées. Petit à petit, ce long travail d’archéologie minuscule laisse apparaître une topographie, en surface et en profondeur du mur, imposée par les états historiques enregistrés dans les interstices invisibles.
À partir de 2021, je poursuis cette mise à mal des processus de la gravure, en travaillant cette fois la plaque de cuivre elle-même. Ainsi, mon atelier se transforme en laboratoire de chimie, et j’entreprends d’épuiser mes plaques de façon protocolaire. Pour la Grande oxydation, j’évoque la première grande crise écologique qui a eu lieu il y a 2,4 milliards d’années, lors de l’apparition des cyanobactéries sur terre. La pollution massive de l’atmosphère par l’oxygène exhalé par ces formes de vie l’a rendu propice à la vie telle que nous la connaissons, celle des plantes et des animaux, prouvant par-là que le monde n’est pas une condition préalable mais une action du vivant. La formation du vert de gris sur les plaques, successivement gravées, imprimées puis laissées aux quatre-vents ou soumises à l’action de chimie, me permettent de rendre tangible l’action de l’oxygène sur le monde, et d’évoquer le fait qu’il n’y a pas d’équilibre définitif et idéal dans la nature. Parallèlement à ce travail, je cherche à mettre au point un processus d’impression des plaques à partir de leur propre oxydation (Le Bois).
Ce sont ces travaux d’expérimentation qui me mènent à ma pièce la plus récente, Xylogravure. Pour ce travail entre la gravure et la sculpture, j’ai travaillé à partir de chutes de scierie où des insectes xylophages ont tracé des réseaux de galerie. Il s’agit ici de m’affranchir de l’outil graveur au profit de l’engendrement de formes liées aux modes d’existence de l’insecte. Le maillage des réseaux créés par les insectes est révélé par le travail du Kintsugi (une technique ancestrale japonaise qui consiste à réparer un objet en soulignant ses lignes de failles avec de la poudre d’or), travaillé au cuivre et soumis à une oxydation aux quatre-vents, afin de rappeler comme dans le travail précédent l’action de l’oxygène sur le tissu du monde. Ce travail montre l’inter connectivité entre l’être et son hôte, l’adhérence entre le mode d’existence du xylophage et son milieu, son territoire. On remarque que la forme est ordonnée, témoin d’un programme, d’une politique, d’une agrologistique de l’insecte. Cette écologie des formes, est enregistrée par frottage dans le travail nommé Maillage, et évoque nos territoires urbains. À l’instar des insectes, nous procédons en allant de l’avant, sans jamais repenser notre propre logique. Une logistique virale, qui requiert ses engins à vapeur et l’industrie pour nourrir sa propre prolifération.
Actuellement, tout en poursuivant mes différentes séries, (notamment en intégrant des matériaux pauvres comme de la bâche bleue dans mes broderies), je développe différentes pistes à l’atelier. Parmi celles-ci, je poursuis mon travail sur le bois xylophagé, en collaborant avec un tourneur sur bois, et en mêlant un travail de xylogravure manuelle au travail des insectes. Par ailleurs, je cherche à développer un procédé afin de confectionner des plaques de gravure grâce à une imprimante 3D, tout en affinant le processus de destruction de mes plaques de cuivre et d’impression par oxydation. Je mets aussi au point une solution à base de cuivre et de chlorure d’ammonium afin de réaliser des aquarelles oxydées.
Formation
Grandes écoles
2003 Diplôme National Supérieur d’Arts Plastiques, ENSB-A, Paris.
1999 B.T.S. de communication visuelle. Ecole Estienne, Paris.
Université
2006 Agrégation (reçue 2e) et Capes (reçue 2e) d’arts plastique.
2004 DEA “arts des images & art contem porain” – université Paris VIII – mention très bien.
2001 Deug et Licence d’arts plastiques. Paris I – Saint Charles.
Prix, Bourses
Allocation d’installation d’Atelier, DRAC occitanie.
Lauréate Festival Aralya
Prix Artcité de la critique décerné par Christian Noorbergen.
Prix du Jury – Festival Aralya
Prix de la Fondation Varenne – Festival Vidéoformes
Presse, articles, publications
Portrait vidéo, Ligne(s) de vie, par Raphaël Laugier.
Emmanuelle Mason, par Christian Noorbergen, Aralya n° 24.
Dessin animal, par Benoït Ladune dans le n°59 de Miroir de l’art.
En vitrine, Emmanuelle Mason, Interview par la Brigade A4, dans le IF mag #7.
Episode de «news Art Today», Emmanuelle Mason.
Co-écriture de «En échange avec Jean-Luc Parant», avec Jean-Luc Parant et Michel Butor.
Résidences, voyages de recherche
Residence aux Beaux-arts de Pekin (CAFA)
Résidence au MoCa, Busan, Corée
Conférences, rencontres avec le public
Médiation autour de l’exposition «Lignes de Vie», à la Galerie de l’Imagerie.
Conférence «la gravure à l’épreuve de l’art contemporain», Les 10 ans de la main Gauche.
Rencontre autour de la gravure, Musicophages, médiation pendant l’exposition «Anima».
Collectifs d’artistes
Siléo
Jenifer Art
Formation continue
Formation au Burin, avec Maria Chillion
Formation à la gravure, atelier de la Main-Gauche, avec Bilitis Fareny
Formation à la serigraphie, atelier 54 fils au cm, avec Anne Izambert
Formation à la manière noire, avec Miguel Aldana
Formation de Moku Hanga, Myriam Zegler.
Compétences
Création et gestion d’ateliers (Atelier d’estampe de l’université Jean-Jaurès à Toulouse (gravure, sérigraphie, lithographie), atelier de Volume…
Gravure, sérigraphie, lithographie…
Dessin contemporain, dessin hors support ou hors format.
CAO, DAO, arts numériques, vidéo, son, photographie
Moulage, nouveaux matériaux
Installation et performance.
Pédagogie, enseignement, initiation à la Recherche en Arts.
Enseignement
2007… Enseignante Agrégée à l’université de Toulouse II -Jean-Jaurès, Département arts plastiques.
2006 Professeur agrégée dans le secondaire (Paris XVIIe).