Ces dessins sont des micro-installations, constituées de dentelle au crochet, de dessin à l’encre et d’insectes épinglés.
Ces travaux interrogent les limites du dessin : de la translation d’un point sur un plan, il devient un fil enchevêtré dans l’espace.
En tissant ma dentelle, je tissais aussi le lien de ma filiation, me mettant en lien avec les femmes de ma famille (j’avais toujours vu ma grand-mère penchée sur son ouvrage), mais aussi avec toutes les femmes : une chose qui m’apparaît dans ce travail est l’idée « d’occupation ». Les femmes, pendant des siècles, ne pouvaient pas être artistes, mais elles pouvaient avoir des occupations, des passe-temps : dentelle, broderie, couture.
Dans mon quotidien de jeune mère, j’ai éprouvé, comme beaucoup d’artistes femmes, une grande difficulté à continuer de créer, peinant à trouver le temps nécessaire à la concentration et au faire. Or, lorsque je crochète de la dentelle ou que je brode, je peux prendre ou lâcher mon ouvrage facilement, adapter mon processus au temps fragmenté de mon nouveau quotidien. C’est pour moi une façon de résister aux contraintes de la maternité et de continuer d’être artiste.